Au fil de l'AFP

Javier Valdez, journaliste pigiste de l'AFP au Mexique, assassiné dans le nord-ouest du pays

Portrait de Javier Valdez, daté du 23 mai 2013. © FERNANDO BRITO / AFP

Le journaliste mexicain Javier Valdez, 50 ans, spécialiste reconnu des cartels de la drogue et correspondant de l'AFP depuis plus de dix ans dans l'Etat de Sinaloa (nord-ouest), a été tué par balles lundi 15 mai devant les locaux de son journal "Riodoce", à Culiacan. Il est le cinquième journaliste assassiné depuis le début de l'année au Mexique, classé par Reporters sans Frontières au 3e rang des pays les plus dangereux pour la presse, après la Syrie et l'Afghanistan.

Natif de Culiacan, la capitale du Sinaloa, ce père de famille de 50 ans, journaliste depuis trois décennies et également correspondant du quotidien La Jornada, avait acquis sa notoriété pour son travail d'investigation et ses nombreux ouvrages sur le trafic de drogue. Parmi eux, "Miss Narco", qui relate la façon dont survivent les femmes dans la culture du narcotrafic, ou encore "Los Huérfanos del Narco" (Les orphelins du narcotrafic). Il avait signé en 2016 son dernier livre, intitulé  "Narcoperiodismo, la prensa en medio del crimen y la denuncia" ("Narcojournalisme, la presse entre le crime et la dénonciation"), dans lequel il écrivait: "Etre journaliste c'est faire partie d'une liste noire. Eux vont décider du jour où ils vont te tuer, même si tu as du blindage et des gardes du corps".

Javier avait fondé en 2006 avec deux collègues la revue Riodoce, où il écrivait une chronique hebdomadaire, devenant une référence dans le journalisme pour expliquer ce qui se passait dans cet Etat, fief du cartel de Joaquin "El Chapo" Guzman, actuellement incarcéré aux Etats-Unis. En octobre 2011, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) lui avait décerné le Prix international de la liberté de la presse "pour sa couverture courageuse du narcotrafic et pour parvenir à donner un nom et un visage aux victimes". La même année, il avait reçu le prix de journalisme de l'université de Columbia (Etats-Unis) avec ses collègues de Riodoce.

La directrice de l'Information a rendu hommage au "courage extrême" de ce journaliste "qui enquêtait depuis des années sur les puissants cartels de la drogue au Mexique sans ignorer qu'il le faisait au péril de sa vie". "Nous sommes horrifiés par ce drame", a déclaré Michèle Léridon, en demandant "aux autorités mexicaines que toute la lumière soit faite sur ce lâche assassinat".

L'AFP adresse ses condoléances les plus sincères à la famille et aux proches de Javier.