Au fil de l'AFP

Ghouta orientale : « toutes les photos que diffuse l’AFP sont vérifiées et authentifiées »

Par Christian Chaise, directeur régional de l’AFP pour le Moyen Orient & l’Afrique du Nord (MENA)

                « Il n’est pas possible de rendre compte d’une guerre sans montrer au moins en partie les formes qu’elle prend et ses conséquences, notamment son impact humain, qui est pour nous essentiel. Malgré la force qu’ont les mots lorsqu’on sait les choisir, ils ne peuvent pas témoigner des drames humains et des tragédies avec la même force que les images. Cela relève de l’information, pas du sensationnalisme. Ne pas diffuser ces images reviendrait à faillir à notre mission (et notre devoir) d’informer.

                Encore faut-il savoir que nous ne diffusons pas toutes les images que nous recevons de Syrie, loin de là. Nous ne diffusons pas celles que nous estimons d’une trop grande violence, tout en sachant que ce jugement est bien sûr subjectif. Nos éditeurs effectuent donc un tri très strict, dans le but de ne retenir que les photos qui témoignent de la situation sans dépasser certaines limites.

              Toutes les photos que diffuse l’AFP de la Ghouta orientale (et plus généralement de Syrie) sont vérifiées et authentifiées par notre desk d’édition photo, situé à Nicosie, moyennant un travail aussi minutieux qu’indispensable. Pour chaque cliché, nous vérifions systématiquement les métadonnées, qui nous permettent de savoir quand exactement les photos ont été prises. Nous pouvons également savoir avec quel équipement elles l’ont été et pouvons donc vérifier si cela correspond aux informations dont nous disposons sur nos pigistes. Lorsqu’il y a un doute, nos éditeurs, qui sont en contact quotidien avec nos pigistes syriens par WhatsApp, posent les questions nécessaires. Si nous n’obtenons pas les réponses recherchées, nous n’utilisons pas. Nous savons également dans quel endroit de Syrie se trouvent nos pigistes justement parce que nous sommes en contact constant avec eux depuis longtemps. Nous savons avec certitude, par exemple, que nos pigistes dans la Ghouta orientale sont bien dans cette zone, puisqu’elle est assiégée depuis des années et que les habitants ne peuvent en sortir. Nous savons ainsi qu’Abdulmonam Eassa, par exemple, est à Hamouriyeh.

               Quant à la sélection et à la formation des pigistes qui couvrent pour nous le conflit en Syrie, l’AFP a une certaine expérience dans ce domaine, puisque nous avons commencé à former de jeunes Syriens peu après le début du conflit, au point que nous disposons aujourd’hui d’un réseau de correspondants locaux dans toutes les régions du pays qui est sans équivalent. Nous ne demandons pas à ces pigistes quelles sont leurs opinions politiques, ni même s’ils en ont. Nous demandons, en revanche, que leur travail réponde à des critères professionnels stricts, ce qui nécessite une formation à distance afin de leur faire comprendre nos exigences et nos critères. Les pigistes avec lesquels nous travaillons actuellement dans la Ghouta orientale et dans le reste de la Syrie collaborent avec nous parfois depuis plusieurs années et ont fait leurs preuves. Nous les connaissons. Certains ont vu leur travail récompensé par des prix internationaux.

               Je veux enfin rappeler que nous couvrons les deux côtés du conflit. C’est-à-dire que nous couvrons également l’impact de cette guerre sur la population vivant dans les zones contrôlées par le gouvernement,  puisque nous sommes l’une des rares agences à avoir un bureau à Damas. Le fait d’être présent des deux côtés nous permet de rendre compte du conflit de manière équilibrée. »

 

Tribune à retrouver sur le site de l'Express.fr